Un organisme de bienfaisance musulman demande la fermeture du tribunal de l'audit fédéral, alléguant une islamophobie systémique

13 avril 2022 | Ottawa – La plus grande organisation musulmane populaire du Canada demande à un tribunal d'arrêter une vérification fédérale de ses activités en tant qu'organisme de bienfaisance enregistré, alléguant que l'enquête est discriminatoire et viole ses droits garantis par la Charte. L'Association musulmane du Canada dépose un avis de demande auprès de la Cour supérieure de l'Ontario dans le but de mettre fin au processus de l'Agence du revenu du Canada entamé il y a sept ans.

L'association, qui promeut le service communautaire, l'éducation et l'autonomisation des jeunes, affirme que plus de 150 000 Canadiens utilisent ses mosquées, écoles et centres communautaires chaque année.

L'association affirme dans le dossier du tribunal que depuis le début de l'audit de l'agence du revenu en 2015, il a été "entaché par des préjugés systémiques et l'islamophobie".

L'association indique dans un communiqué de presse que bien qu'aucune décision n'ait été prise, le rapport d'audit qui en résulte, qui n'a pas été rendu public, menace l'organisme de bienfaisance "de sanctions extrêmes totalement injustifiées par les conclusions" de l'agence du revenu.

L'agence du revenu, qui aura l'occasion de répondre devant le tribunal, a précédemment déclaré qu'elle ne sélectionnait pas d'organismes de bienfaisance enregistrés à auditer en fonction d'une foi ou d'une confession particulière, ajoutant qu'elle se consacrait fermement à la diversité, à l'inclusion et à la lutte contre le racisme.

Le défi de la charte de l'Association musulmane explorera les cas dans lesquels l'agence du revenu a tenté d'appliquer des normes à l'association qui ne seraient appliquées à aucune autre communauté de foi, a déclaré Geoff Hall, un avocat de l'organisme de bienfaisance.

"Cet audit est un exemple classique de préjugés et de discrimination."

L'association s'oppose à plusieurs allégations de l'agence du revenu, notamment que :

– les activités de l'association, comme les fêtes de l'Aïd, ne sont pas religieuses mais plutôt sociales ;

– ses activités sportives, sociales et récréatives destinées aux jeunes ne procurent pas un avantage caritatif;

– il existe de prétendus liens entre l'association et des entités étrangères, un constat basé sur quatre e-mails sur des dizaines de milliers examinés par l'agence.

"Dans chacun de ces exemples et d'autres, l'ARC perçoit ces interactions parfaitement normales comme sinistres et trompeuses", indique le communiqué de presse.

Le dossier judiciaire allègue que l'audit n'aurait jamais été abordé de cette manière si l'organisation en question avait été affiliée à une autre grande religion mondiale.

L'association souligne que le rapport d'audit n'a trouvé aucune preuve que l'organisme de bienfaisance soit impliqué dans le financement du terrorisme ou affilié à des organisations terroristes. "Néanmoins, le rapport d'audit s'appuie sur des sources islamophobes et des articles de journaux discrédités pour étayer ses allégations."

La demande du tribunal demande une ordonnance mettant fin à l'audit au motif qu'il viole les garanties de la charte de l'association en matière d'égalité et de liberté de religion, d'expression et d'association.

Alternativement, il veut que l'agence du revenu complète la vérification d'une manière qui ne viole pas les droits de l'association.

Près de 100 organisations musulmanes et groupes de la société civile ont envoyé une lettre l'été dernier au premier ministre Justin Trudeau lui demandant de réformer les pratiques d'audit de l'agence du revenu, alléguant qu'elles ciblent injustement les organisations caritatives musulmanes.

Les groupes ont également demandé au gouvernement libéral d'annuler la décision de l'agence du revenu de suspendre la capacité d'un autre organisme de bienfaisance musulman, Human Concern International, basé à Ottawa, à émettre des reçus d'impôt.

La ministre du Revenu, Diane Lebouthillier, a accepté lors d'un sommet national sur l'islamophobie de demander à l'ombudsman des contribuables, François Boileau, un examen systémique des préoccupations.

Des réunions préliminaires ont eu lieu avec des responsables de l'agence du revenu et diverses parties, y compris des organisations caritatives, pour comprendre leurs préoccupations et identifier tout problème, a déclaré le bureau du médiateur dans une récente mise à jour.

D'autres réunions sont prévues et les organismes de bienfaisance sont invités à répondre à un questionnaire en ligne sur leurs expériences.

Cet article a été écrit par Jim Bronskill pour La Presse canadienne et a été publié sur les sites Web suivants: (A lire en français, voir ci-dessous)

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