Haddara: le coronavirus expose la durabilité fragile de notre système de santé

Haddara: le coronavirus expose la durabilité fragile de notre système de santé

Auteur de l'article: Presse gratuite Vox Populi

Le Western Fair Agriplex, qui abrite un hôpital de campagne du LHSC à l'intérieur. (Mike Hensen / The London Free Press)

Alors que la première vague du coronavirus s'apaise, nous avons le temps de commencer à enquêter sur les dégâts qu'il laisse dans son sillage.

Nous avons déjà pris conscience de l'impact du coronavirus sur les communautés minoritaires et défavorisées. Nous sommes maintenant sensibles à l'état lamentable des soins aux aînés, en particulier dans les deux plus grandes provinces du Canada. Nous avons le sentiment du désarroi profond dans lequel se trouvent de nombreuses unités de santé publique et de la fragmentation de notre réponse en matière de santé publique. Nous avons ressenti l'absence d'une stratégie nationale d'approvisionnement pour la fourniture d'équipements de protection individuelle suffisants aux premières lignes.

Mais il y a un besoin béant qui a été mis en évidence au cours de cette première phase de la pandémie et qui n'a pas retenu l'attention du public, c'est la durabilité de notre système de soins de santé. À moins que la politique ne soit élaborée avec soin au cours des prochains mois et années, la nature de notre système de soins de santé universel sera l'une des victimes du coronavirus.

Quand nous pensons aux coûts des soins de santé, de nombreux Canadiens, encouragés par les politiciens, pensent à la facturation des médecins, aux salaires des infirmières et au coût des médicaments. Bien que ce soient des facteurs importants de coût et de performance de notre système de soins de santé, un autre élément apparaît rarement dans l'éventail des coûts: l'investissement en capital.

Des investissements en capital sont nécessaires dans trois grands domaines: l'infrastructure, la technologie, la formation et les ressources humaines.

De nombreux hôpitaux et institutions sont logés dans des bâtiments datant du milieu du siècle dernier et nécessitent un important soutien d'infrastructure pour mettre les bâtiments aux normes nécessaires de la troisième décennie du 21e siècle. Il en résulte des installations inadéquates qui entravent parfois les meilleures pratiques en matière de contrôle des infections et de soins centrés sur le patient, mais qui entraînent également des coûts exorbitants associés à toute rénovation en raison de l'âge des bâtiments.

La pandémie a révélé la pénurie d’investissements dans la technologie à de nombreux niveaux. Au sein des hôpitaux, les patients doivent toujours être amenés dans des zones où un niveau de soins supplémentaire est disponible plutôt que de disposer de la technologie et du niveau de soins approprié sur leur site. Les patients chirurgicaux doivent être déplacés des services chirurgicaux vers l'unité de soins intensifs pour recevoir un type particulier de surveillance ou certains médicaments ou pour avoir des yeux sur le patient. Pourtant, il existe une surveillance à distance sophistiquée qui permettrait aux patients de recevoir le niveau de soins approprié dans de nombreux cas dans l'environnement où les soignants les connaissent le mieux.

Cela s'applique encore plus d'urgence aux petits hôpitaux communautaires, qui doivent souvent transférer les patients vers des centres plus grands simplement pour des niveaux de surveillance plus élevés. En revanche, aux États-Unis, la technologie de soins intensifs à distance ou virtuelle fait partie du paysage des soins de santé, les plus grands centres fournissant une surveillance et des conseils à distance aux patients des petits hôpitaux sans avoir le fardeau et le coût supplémentaires du transfert.

Enfin, le rythme des nouveaux équipements et procédures s'est accéléré au cours des deux dernières décennies. La formation des infirmières, des médecins et des autres travailleurs de la santé pour devenir compétents avec ces procédures et ces équipements nécessite une formation continue. De nombreux hôpitaux ont dû limiter considérablement leur budget de formation car leurs fonds de fonctionnement ont été récupérés par les coupes gouvernementales successives.

Alors que la phase aiguë du coronavirus recule et que, espérons-le, l'épidémie sera maîtrisée avec l'arrivée d'un vaccin, nous nous retrouverons avec la dévastation économique qui a entraîné non seulement un changement d'économie, mais aussi le augmentation du fardeau de la dette.

Avant que le coronavirus ne frappe, les provinces canadiennes avaient un fardeau de la dette allant de 44% (Saskatchewan) à 75% (Ontario) du PIB. Ces chiffres n'incluent pas la dette fédérale. Bien que le coût d'emprunt restera probablement bas pendant un certain temps, l'impact sur les dépenses publiques sera inévitable.

Historiquement, les dépenses en capital pour les soins de santé ont subi des fluctuations sauvages qui ont survécu au cycle électoral. Sans solutions innovantes, il est probable que cette tendance se poursuivra et sera exacerbée par les perspectives économiques actuelles.

La situation n'est cependant pas entièrement sombre. Il existe une gamme de solutions possibles qui protégeraient à la fois les coffres publics et fourniraient les investissements nécessaires pour que notre système de soins de santé non seulement survive, mais soit également prêt pour la prochaine crise majeure.

Les investissements dans la technologie, y compris la surveillance à distance, peuvent entraîner des économies immédiates et peuvent être mis en œuvre grâce à des partenariats public-privé. Les investissements dans les infrastructures peuvent permettre d'éviter des milliards de dollars d'entretien. Par exemple, une étude de 2015 a estimé que les coûts d'entretien reportés accumulés par les hôpitaux canadiens se situaient entre $15 milliard et $28 milliard.

Nous serons confrontés à des choix économiques difficiles dans un proche avenir. Mais si nous voulons préserver un système de soins de santé universel qui atténue plutôt qu’exacerbe les inégalités structurelles, nous devons investir dans des moyens novateurs de reconstruire le système. Continuer comme avant entraînera le démantèlement certain de nos soins de santé, et par procuration, peut-être le dernier égaliseur restant dans notre société.

Wael Haddara est chef des soins intensifs au London Health Sciences Centre

Article original ici.

Wael Haddara
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